Des dizaines de détenus condamnés pour terrorisme seront bientôt libérés en France.

D’ici 2019, on estime qu’une quarantaine de détenus condamnés pour terrorisme seront libérés de prison. Le procureur de la République dit considérer qu’il s’agit là d’un « enjeu majeur ».

C’est lors d’une entrevue livrée à BFMTV que François Molins a exprimé qu’une quarantaine de détenus condamnés pour terrorisme retrouveraient leur liberté d’ici 2019. Le procureur, dont l’expertise en matière de terrorisme est connue de tous, n’a pas caché ses inquiétudes: «  »On court un risque majeur de voir sortir de prison à l’issue de leur peine des gens qui ne seront pas du tout repentis, qui risquent même d’être encore plus endurcis compte tenu de leur séjour en prison. »

Pour ajouter à l’inquiétude, il faut savoir que les détenus qui seront libérés en 2018 et en 2019 avaient été jugés à l’époque par un tribunal correctionnel. De fait, ils risquaient alors des peines moins lourdes. Les choses ont changé depuis: « Avant 2016 on ne criminalisait pas parce qu’on avait pas tout à fait pris conscience du danger de Daesh. Depuis les attentats, on considère que tous ceux qui ont rejoint la zone irako-syrienne pour rejoindre Daesh se rendent coupables d’une association de malfaiteurs terroristes criminelle ce qui les rend passible d’une cour d’assises. »

Depuis ce changement quant à la façon de juger les personnes suspectées de terrorisme, les peines auxquelles ils s’exposent sont beaucoup plus sévères.

Des mesures devraient être prises afin de réagir à ce signal d’alarme lancé par Molins.

L’administration pénitentiaire devrait être en mesure d’envoyer au parquet de Paris les dates de sorties 18 mois à l’avance afin de « saisir les juges d’application des peines et éviter les sorties sèches ».

Molins a expliqué qu’on souhaitait prendre toutes les précautions nécessaires en effectuant « un suivi beaucoup plus approfondi et attentif en détention par le renseignement pénitentiaire pour évaluer au mieux les profils de dangerosité ». À cet effet, le procureur poursuit en soulignant que cela nécessitera une charge de travail considérable: « Ça nécessite un travail de fond entre l’administration pénitentiaire, les services de renseignement, les préfectures, les acteurs judiciaires. […] Je pense qu’il faut que l’on fasse face à ça, parce que c’est vraiment un risque majeur et on a une responsabilité collective par rapport à ce phénomène si l’on veut prévenir les risques de récidive. »

Enfin, Molins craint que le temps passé en prison ait agi à titre d’incubateur pour plusieurs de ces détenus. En côtoyant d’autres détenus radicalisés, il est difficile de ne pas se méfier des conséquences d’un tel réseautage: « Le milieu pénitentiaire fait office d’incubateur, dans la mesure où vous avez une interaction dans les prisons entre ces terroristes islamistes et ces détenus radicalisés de droit commun. »

Vous pouvez regarder l’intégralité de l’entretien ici:

Source: BFMTV
Crédit Photo: Keystone Press Agency

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