Les privilégiés du sénat: «Un sénateur qui ne vient jamais au sénat perçoit 7000 euros par mois en restant chez lui»

«Un sénateur qui ne vient jamais au sénat perçoit 7000 euros par mois en restant chez lui» Yvan Stefanovitch (Journaliste d’investigation)

Des députés réclament la fin des privilèges des sénateurs qui font de la résistance sur la réforme constitutionnelle.

Est-ce une façon de pousser le Sénat – encore très réticent – à voter la réforme institutionnelle programmée pour la fin de l’année ? En tout cas, des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent pour exiger des élus de la Haute Assemblée d’abandonner, à l’instar des députés, les privilèges qu’ils continuent de conserver.

Certes, dès 2008, Gérard Larcher, président LR du Sénat, avait supprimé tous les avantages matériels dont bénéficiaient ses prédécesseurs au « plateau ». Mais sans jamais toucher aux autres « faveurs » que la République reconnaît encore aux sénateurs, notamment de généreuses retraites, un forfait obsèques ou des indemnités chômage avantageux.

« Je n’imagine pas que le président Larcher, élu au Sénat depuis 1986, n’insuffle pas le même esprit de transformation que nous avons porté dans cette majorité depuis le début de la législature » déclare, non sans ironie, Florian Bachelier, premier questeur au Palais Bourbon

Avec d’autres députés LREM – comme Danièle Herin, Pacôme Rupin, Hervé Berville, Gilles Le Gendre, Gabriel Attal ou Laetitia Avia –, le député d’Ille-et-Vilaine a ainsi pris la tête d’un combat en faveur de la modernisation du fonctionnement du Parlement et des statuts des parlementaires. Et plus particulièrement des sénateurs.

La question du financement des avantages

Certains à droite leur emboîtent le pas. « C’est le vent de l’Histoire, confirme de son côté un élu LR qui préfère rester anonyme. Ça prendra du temps mais les sénateurs finiront par se plier à ce devoir de moralisation. » La plupart des sénateurs font mine d’ignorer les avantages que leur confère leur statut, tandis que d’autres, les défendent bec et ongles. « Ces dispositifs ne sont pas financés par de l’argent public mais par les cotisations des sénateurs », se défend-on officiellement.

Des arguments qui ne convainquent pas tout le monde. « Tous ces financements particuliers déconnectés de la réalité du monde sont financés par l’Etat alors que nous avons 2 300 milliards de dettes. La vraie question est celle de l’efficacité du Parlement : est-il représentatif, économe d’argent public, moderne, exemplaire et, au final, efficace dans sa mission ? Aujourd’hui, non. Le monde a changé. L’Assemblée nationale se transforme. Le Sénat reste immobile », martèle Florian Bachelier.

«Le Sénat doit s’adapter au monde»

Même des anciens sénateurs le reconnaissent. « Je ne vois pas pourquoi on garderait le 1,4 milliard de réserves généré par notre système de retraites. On devrait en rendre une partie à l’Etat comme l’ont fait d’anciens présidents de l’Assemblée », estime Luc Carvounas, qui était sénateur socialiste du Val-de-Marne avant d’être élu député en juillet dernier.

A droite, l’ancien ministre et député Frédéric Lefebvre, aujourd’hui délégué national du parti Agir, va jusqu’à souhaiter la suppression du Sénat dans sa forme actuelle : « Le Sénat doit s’adapter au monde et fusionner avec le CESE, le Conseil économique, social et environnemental », estime-t-il comme en écho à la réforme voulue, en 1970, par le général de Gaulle mais rejetée après un référendum.

« Nous, à l’Assemblée, on mène une politique de rationalisation des dépenses publiques car des efforts sont réalisés par tous les Français, estime Florian Bachelier, plus prudent. L’heure est venue où le Parlement doit redevenir exemplaire afin de restaurer le lien de confiance avec tous les Français. L’Assemblée comme le Sénat. Le Sénat n’est condamné ni au conservatisme ni à l’inertie. »

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