«Gilets jaunes»: la fille d’une manifestante tuée en Savoie fait le choix de continuer à manifester

« J’ai appelé sur le portable de ma mère ce matin, je suis tombée sur le répondeur. J’ai rappelé 10 minutes après, c’était la gendarmette… » Alexandrine Mazet a appris le décès de sa mère, Chantal, ce matin. Elle-même a fermé son centre équestre à Petit Palais pour manifester au rond point du melon de Cavaillon (Vaucluse).

Quand elle a vu aux infos qu’une personne avait été renversée au Pont-de-Beauvoisin (Savoie), elle a senti que c’était sa mère. Elle a été tuée par une conductrice lors du blocage des gilets jaunes. Celle-ci devait emmener sa fille chez le médecin et dans un élan de panique a percuté Chantal Mazet. « Les voitures sont quasi à l’arrêt, comment c’est possible ? », s’interroge sa fille, en larmes.

En contre-bas, les klaxons et les coups de sifflet tonnent de plus belle à Cavaillon. Alexandrine Mazet préfère rester manifester. La douleur est vive mais la cause est toujours aussi forte: » De toute façon, entre être là ou seule à la maison à regarder les infos, je préfère être là ». Sa sœur et son frère, habitant en Savoie, étaient ce matin à la gendarmerie.

Chantal Mazet avait 63 ans et vivait à Domessin (Savoie) : « C’était une petite retraitée tranquille, qui faisait son train train. Elle n’avait pas une trop mauvaise retraite mais voulait juste apporter son soutien ». Sa fille est choquée, sa mère « n’aurait jamais pris de risque inconsidéré ».

Elle ne compte pas en rester là et va se battre pour que justice soit faite. Elle en veut à la conductrice qui « a brisé plus qu’une vie ». Il y a la douleur mais aussi tout ce qu’il y a à côté : « Je pouvais travailler parce que ma mère était là. Je ne sais comment je vais tenir les écuries maintenant ».

Selon Alexandrine, si la situation du pays était différente, « il n’y aurait pas les gilets jaunes dehors et ma mère ne serait pas morte ». Elle compte porter plainte contre le gouvernement même si elle reconnait qu »‘il est impliqué indirectement ».

Sa capuche sur la tête et son gilet jaune toujours sur elle, Alexandrine restera toute la journée au rond point du melon à Cavaillon. Sa sœur d’ Ales la rejoindra ce soir avant qu’elles ne prennent la route pour la Savoie.

Alexandrine Mazet insiste sur le fait que la manifestation doit rester calme et l’ ambiance bon enfant, en espérant « qu’il n’y ait pas d’autre accident ». Quelques heures plus tard, un conducteur a touché avec sa voiture 5 gilets jaunes à Cavaillon. Il a pris la fuite avant d’être arrêté par un barrage du peloton routier de St-Rémy-de-Provence à Senas.

Source : Le Dauphiné

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